Lorsque fin des années 90 j’étais en formation aux RIDC (Rencontres Internationales de Danse contemporaine) pour le D.E. de danse contemporaine, Dominique Dupuy y donnait trois stages par an. Le personnage était haut en couleurs et je ne comprenais pas grand chose à ce qu’il nous faisait faire. Je n’avais jamais croisé de danse comme celle-là.
Ses mots du corps et du mouvement étaient inouïs. La structure d’une séance était inhabituelle. L’utilisation de la musique étrange. L’espace était constamment parcouru d’incessantes traversées. Le moindre petit mouvement qui au premier abord me semblait anodin nous donnait à tous du fil à retordre et deux jours plus tard je me retrouvais avec des courbatures improbables, sur des muscles dont j’ignorais l’existence. Des danseurs aguerris fondaient parfois en larmes, décontenancés.
Je sentais que nous avions à faire à des formes qui venaient de loin et cela fut confirmé lors de nos cours d’histoire de la danse (cf biographie)…
Françoise Dupuy, elle, passait rarement au studio. Elle ne donnait presque pas de stages, et lorsque c’était le cas, elle était accompagnée d’une assistante qui montrait les mouvements demandés. Elle se déplaçait à l’époque avec une canne…
Le temps a passé. J’ai terminé ma formation et commencé à enseigner. Je dansais. Je chorégraphiais et menais un atelier chorégraphique riche en expérimentations. Parallèlement, une pensée récurrente me travaillait : il ne peut pas ne pas y avoir de film sur Françoise et Dominique Dupuy…
Natacha Zervas